Des chais aux alambics : transmission directe et héritages hybrides
Au fil des siècles, vinification et distillation se sont mutuellement enrichies. La distillation des marcs, vieux réflexe paysan, permettait de valoriser les résidus après le pressurage des vendanges. L’eau-de-vie de marc, longtemps récoltée par les bouilleurs de cru locaux, a écrit les premières pages de la distillation languedocienne.
Mais ce n’est pas seulement une histoire de récupération : c’est l’art du tri, de la maîtrise des fermentations, de la sélection minutieuse, qui fait la passerelle directe entre le vigneron et le distillateur. Un chai, c’est d’abord une ambiance : humidité, lumière tamisée, odeurs mêlées de fruit, de bois et d’alcool. Un alambic, c’est la promesse de transformer la matière encore un peu plus, de pousser l’extraction aromatique, de lui offrir une deuxième vie.
- Le contrôle des températures, si crucial à la fois pour la fermentation du vin et la distillation, est un savoir partagé.
- Le choix du contenant pour l’élevage : tonneaux de chêne, cuves béton, jarres — autant de mondes qui s’influencent et migrent d’un atelier à l’autre.
- La gestion de l’oxygène : apprendre à « oublier » une eau-de-vie, comme on laisse vieillir certains vins, est un geste venu tout droit du vignoble.
On le voit dans les distilleries qui se sont lancées ces dernières années dans le Sud : nombre de distillateurs sont d’abord vignerons, œnologues, voire tonneliers. La Distillerie du Petit Grain à Cazedarnes ou la Distillerie de Montpellier (réouverte en 2018) en sont des exemples parlants.