Un art du feu, du fruit et du temps : la coupe, clé de la distillation
Là où le Sud bouillonne dans des chais de pierre ou des remises ouvertes sur la garrigue, la distillation artisanale perpétue un geste à la fois précis, humble et mystérieux : celui de la coupe. Séparer les têtes, le cœur et les queues : le triple choix décisif qui révèle la main du distillateur. Geste quotidien dans les distilleries locales, il est aussi l’héritage vivant de pratiques deux fois centenaires, adaptées aux subtilités du raisin, du marc, des fruits ou des plantes du Languedoc.
Si l’on parle souvent du maître-distillateur comme d’un chimiste ou d’un parfumeur, c’est aussi un fin dégustateur qui, à chaque lot, déjoue la monotonie pour trouver l’exact point d’équilibre. Entendre l’alambic chuchoter, lire dans la limpidité du jet, humer l’envolée des vapeurs : tout repose sur ce moment où il faut décider « ça, on garde ; ça, non » – un art qui ne tolère ni automatisme, ni approximation.